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Bienveillance, un train peut en cacher un autre !


Bienveillance semble le mot à la mode, le sésame de notre époque, pourtant à mon sens quelque chose cloche, sans vraiment clocher, juste une impression de fausse note parfois...

 

J’entends ce mot de bienveillance de partout depuis que je suis rentrée en France et, si au début j’en étais ravie, j’ai vite déchanté… Et là, je ne compte plus les expériences où c’est violence qui rime avec bienveillance, alors je rigole bien. Enfin, après coup. Car la surprise est chaque fois de taille. Où la soi-disant bienveillance cache une indifférence nauséeuse ou un vitriol venimeux !

 

À mon sens, la bienveillance à outrance est un empêchement à l’évolution.

De soi comme de l’autre. J’ai bien dit « à outrance ». Car il ne s’agit pas de supprimer gentillesse et bonnes intentions de toutes natures. Tant qu’elles sont SINCÈRES, tant que ces purs produits de l’amour sortent spontanément de nous vers l’autre et qu’il ne s’agit pas de cette « bienveillance normalisée » qui devient quasiment la règle sociétale de notre siècle !

 

Cependant, tandis que cette véritable bienveillance reste une perle rare dont nous avons bien besoin, l’autre, la pseudo, la normalisée, celle « à la mode » est à mon avis un Danger… Et je m’en explique :

 

Pourquoi Danger ? Parce que sous la bienveillance imposée par une tendance mode, se cache en réalité une violence latente, insoupçonnée, qui n’attend qu’une occasion pour exploser. Et lorsqu’elle explose, les dégâts sont réels, non mesurés, et non contrôlés.

 

Je dis aussi « Au secours ! J’étouffe ! »

Pourquoi j’étouffe ? Parce que je veux avoir le droit d’exprimer ma colère sans me faire traiter d’assassine ! Parce que je veux avoir le droit de ressentir des émotions pas toujours ‘fleur bleue’ sans me sentir coupable pour autant ! Parce qu’en un mot, étouffer nos émotions dérangeantes sous un oreiller de convenances sociales n’est pas une solution stable. Juste un temporisateur posé sur la mèche d’une bombe à retardement dont personne ne connaît la durée de la minuterie.



 

En fait, là où à mon sens, nous faisons une grossière erreur, c’est de considérer que nos paroles, nos attitudes, nos actions créent les émotions de l’autre. Et qu’inversement, les attitudes des autres sont la cause de nos émotions.

Toutes les traditions orientales vous le diront, cela est non juste et fondamental :

 

Chacun est responsable de ses propres émotions.

 

Ce qui veut dire que si mes paroles, mon attitude génère une émotion chez l’autre, je n’en suis pas responsable. C’est très important. Et bien sûr, ça vaut dans l’autre sens : si les paroles de l’autre engendrent telle émotion chez moi, je dois revendiquer la pleine souveraineté de cette émotion et ne pas en accuser l’autre.

 

Vous voulez une preuve de ce que j’avance ?

Je peux dire exactement la même chose, sur le même ton, avec la même émotion, à deux personnes distinctes, chacune d’entre elle recevra le message différemment ; peut-être que l’une se mettra en colère, peut-être que l’autre rigolera !

 

Nous ne pouvons rien savoir, car la façon dont l’autre reçoit notre message dépend, oui, pour une part (très faible) du message et de la façon dont il est transmis, mais aussi pour une part, énorme, du récipient receveur, du contexte, de l’histoire, du passé, en bref, de l’univers intérieur de l’Autre.

 

Lorsque l’on a cela bien clair à l’esprit, on peut concevoir que ces émotions qui naissent en moi, résultats de situations, d’interactions, tombant dans « mon univers intérieur », en fait deviennent des catalyseurs pour mon évolution.

 

Comment ?

Lorsque, par la pratique de la méditation, l’on apprend à devenir le Témoin de nos émotions, l’on arrive à cette distanciation, à ne plus s’identifier aux émotions, au mental, aux mémoires, aux pensées, mais à l’être profond, l’âme, le cœur, la lumière, quel que soit le nom que l’on donne à Cela qui est au-dedans.

 

Alors, comme si j’observais le tumulte des émotions depuis une montgolfière perchée dans le ciel calme et limpide, je peux discerner le « bouillon » fait de réminiscences du passé, souvenirs, mémoires, fonctionnements hérités ou façonnés selon mes expériences…

 

Et alors je peux voir clairement que le fameux « autre » dont les paroles ont certes déclenché le tourbillon d’émotions qui m’anime à l’intérieur, est distinct de ce tourbillon. En fait, n’importe qui d’autre ayant une attitude similaire aurait provoqué le même tsunami. En fait, le tsunami émotionnel requérait telle situation pour être déclenché. Peu importe par qui.

 

Et l’important est que je puisse observer ce tsunami, l’accepter comme « mien », sans en rendre responsable l’autre, en considérant plutôt son passage dans mon histoire comme une chance, une opportunité qu’il m’offre de grandir en conscience. Et au fil du temps et des répétitions, ma réactivité liée à cette situation particulière disparaîtra. C’est ce que l’on appelle en yoga, un karma qui se détache.

 

Je me suis un peu éloignée de la bienveillance. Mais pas tant que ça et j’y reviens.

Car pour conclure, je dirais que cultiver une bienveillance sincère, venant d’un cœur aimant et compassionné, oui, oui oui et cent fois oui ! Mais pour cela, il faut avoir «purifié » ce cœur, et pour le purifier, il faut en nettoyer la réactivité, et pour nettoyer la réactivité, il faut la vivre cette réactivité, en conscience.

Et donc être plongé dans les situations émotionnelles difficiles, tourbillonnantes, afin que le « polissage des égos » se fasse.

Cela n’est pas chose facile si l’on n’est pas guidé....

 

Ainsi, il serait à mon sens largement plus instructif pour les individus que nous sommes, et plus constructif pour la société que nous formons, que nous apprenions à gérer nos propres émotions, plutôt qu’à exiger de tous une « bienveillance » exagérée trop souvent hypocrite censée ne pas soulever de vagues.

 

De même il faut cesser de penser que nous sommes les déclencheurs des émotions de l’autre. C’est non seulement faux mais carrément présomptueux.

 

Finalement, un excès de bienveillance, ou disons, de cette fausse bienveillance ôte à l’autre une occasion de grandir, et à moi une occasion … d’être moi !

 

En apprenant à gérer nos états émotionnels (avec le yoga, donc la méditation, ou autre formes de travail sur soi) nous restons responsables de nos émotions, nous purifions notre cœur, nettoyons les réactivités non appropriées, et finalement une véritable bienveillance peut éclore, fruit d’un cœur sincère et apaisé.

 

Isabelle Mirabelle


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